Septicémie/sepsis : Docteur Kemedjeu, Médecin, Anesthésiste-Réanimateur : « l’objectif principal dans cette typologie de tableau clinique est de maintenir le/la patient(e) en vie afin que les médicaments indiqués pour les soins aient le temps de faire effet »

Crédit Photo : Docteur KEMEDJEU

Médecin et Écrivain (auteur de deux livres déjà publiés et de plusieurs manuscrits également en cours de publication), Docteur Kemedjeu nous donne, dans cette interview, des précisions sur le niveau d’implication et le rôle d’un Anesthésiste-Réanimateur face à un cas avéré de sepsis. Il profite également de l’occasion pour amener les un(e)s et le(s) autre(s) à ne surtout pas avoir recours à l’automédication car cette pratique peut compliquer davantage la gestion de ce genre de cas.

Docteur, en tant qu’Anesthésiste-Réanimateur, quel est déjà votre niveau d’implication lorsque vous êtes face à un cas avéré de septicémie /sepsis ?

Avant toute chose, commençons par dire que la septicémie n’est autre que la présence/l’invasion du sang par un micro-organisme, en particulier des bactéries. On peut aussi avoir une virémie, si le micro-organisme est un virus… Il est plus intéressant de parler de sepsis, un dysfonctionnement d’un ou plusieurs organes vitaux, provoqué par une réponse inappropriée de l’hôte suite à une sévère infection systémique. Cette infection peut être causée par une bactérie, un virus ou un champignon. La sepsis peut évoluer vers un choc septique c’est-à-dire un tableau clinique caractérisé par une hypoperfusion des organes (la basse pression artérielle fait en sorte que le sang n’arrive plus bien aux organes nobles). Et cela représente, en effet, une réelle menace à la vie du/de la patient(e). Le choc septique suit la sepsis comme l’ombre d’un Homme. Dans cette situation, si rien n’est fait ou s’il y a retard dans la prise en charge ou encore si la prise en charge n’est pas optimale, le risque pour le/la patient(e), c’est justement la mort. Aussi, en cas de sepsis, le degré d’implication de l’Anesthésiste-Réanimateur dépend du degré de dysfonctionnement (insuffisance) des organes vitaux. Si les conditions du/de la patient(e) sont critiques alors il/elle devrait être hospitalisé(e) en soins intensifs afin que l’organe ou les organes en insuffisance soient supportés. Pensez à la ventilation mécanique en cas d’insuffisance respiratoire… Pensez au support au système cardiovasculaire en cas d’hypotension sévère, etc. Mais il est aussi vrai que si la sepsis est interceptée à ses phases initiales, le rôle de l’Anesthésiste-Réanimateur peut se limiter à repérer un accès veineux ou à donner des indications pour une assistance respiratoire non invasive…. Il peut y avoir divergence dans l’iter de gestion suivant le contexte local.

De manière pratique, quel est donc plus précisément le rôle que vous avez à jouer à ce niveau ?

D’après ce qui a été dit précédemment, on comprend aisément que le rôle de l’Anesthésiste-Réanimateur, en cas de sepsis, peut varier énormément en fonction de la présentation du tableau clinique du/de la patient(e). On peut passer d’une simple consultation en médecine interne à l’hospitalisation en soins intensifs. La façon dont la structure sanitaire accueillante est organisée peut faire la différence. Le plein rôle de l’Anesthésiste-Réanimateur se voit donc en soins intensifs. Ici, l’objectif principal dans cette typologie de tableau clinique est de maintenir le/la patient(e) en vie afin que les médicaments indiqués pour les soins aient le temps de faire effet. Le médecin des soins intensifs veille en continu sur l’évolution du/de la patient(e) et de sa maladie et administre au fur et à mesure les thérapies qui s’imposent. Il consulte d’autres figures professionnelles comme le spécialiste des maladies infectieuses par exemple, suivant le besoin du/de la patient(e). Par ailleurs, le/la patient(e) ne peut guérir que si le micro-organisme en question a été identifié et traité. Le premier pas dans ce sens, ce sont par exemple les examens de sang et d’autres liquides biologiques (suivant le suspect clinique) avec antibiogramme. L’antibiogramme, c’est l’élément qui nous dit quel médicament peut être efficace contre le micro-organisme qui est à la base de la sepsis.

Envers le/la patient(e), quelles sont les précautions que vous prenez lorsque vous êtes en face d’un cas avéré de sepsis ?

Cette question est un peu vague. Tout de même, la vie et la survie du/de la patient(e) doivent toujours être mises au centre de nos préoccupations. Cet objectif doit être encore plus pris en considération quand une urgence de cet ordre s’impose. De fait, dans cette situation, tout doit être mis en œuvre pour protéger ce bien si précieux qu’est la vie du/de la patient(e). Certainement, il faudra mettre en œuvre également des mesures pour éviter la contamination aussi bien des autres patient(e)s que le personnel sanitaire mais également des visiteur(e)s. Il existe des protocoles spécifiques pour y arriver, suivant le mécanisme de contagion. Par exemple, par contact ou par voie aérienne. L’exemple de la COVID-19 nous a en outre enseignés bien des choses surtout dans ces cas d’espèce.

Lorsqu’une personne est en train de faire une septicémie /sepsis dans son environnement familial, en tant qu’Anesthésiste-Réanimateur, quel(le)s conseil(s) et/ou recommandations pouvez-vous donner à sa famille et/ou à ses proches afin de lui éviter le décès ?

Pour agir, il faut reconnaître le problème. L’œil ne voit que ce qu’il connaît. Je ne pense pas que la personne lambda a les connaissances et instruments nécessaires pour reconnaître spécifiquement un cas de septicémie ou encore plus un cas de sepsis. Le conseil le plus utile que je me sens de donner est qu’il faut consulter un médecin quand vous ne vous sentez pas bien. L’automédication peut retarder la prise en charge du/de la patient(e) dans certaines situations.

Propos recueillis par Cédric KOIVOGUI avec Ange Carmelle OBOUE

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