Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous éclaire, dans cette interview, sur toutes les subtilités liées à la septicémie aussi appelée sepsis. Le but étant d’amener les un(e)s et les autres à faire beaucoup plus attention à cette affection qui peut être mortelle quand rien n’est fait à temps pour la circonscrire rapidement.
Docteur, d’emblée, que pouvez-vous nous dire au sujet du sepsis ?
De manière simple, le sepsis désigne l’ensemble des signes et symptômes associés à une réponse inflammatoire conséquemment à la présence d’une infection. C’est un état pathologique potentiellement grave pouvant aboutir au décès.
Comment arrive-t-on à cette affection ?
Le sepsis survient à la suite d’une contamination microbienne. Les microbes peuvent pénétrer à l’intérieur de l’organisme par différentes voies : à l’occasion d’une plaie, par l’air, d’un rapport sexuel, par voie urinaire, à l’occasion d’une opération chirurgicale, etc. Une fois à l’intérieur de l’organisme, les microbes vont se multiplier et il va se mettre en place une réaction inflammatoire de l’organisme dans le but de les éliminer. C’est ce processus qui, pouvant affecter le fonctionnement de l’organisme, sera à l’origine des différents signes et symptômes observés.
Quels sont les symptômes qui peuvent amener une personne à croire qu’elle est en train de faire effectivement un sepsis ?
Les symptômes généralement rencontrés sont la fièvre, des frissons, une température basse (hypothermie), une augmentation ou une baisse des fréquences respiratoire et/ou cardiaque, une diminution de la fréquence des mictions, une perte de connaissance, une asthénie (fatigue). Des signes en rapport avec la porte d’entrée des microbes peuvent être observés : toux, diarrhée, lésions cutanées, hématurie (sang dans l’urine), etc.
Quels sont les facteurs de risque pouvant justifier l’apparition de tels symptômes chez une personne ?
Plusieurs conditions peuvent favoriser la survenue de sepsis. Des facteurs qui affaiblissent le système immunitaire (chargé de lutter contre les infections) tels que l’infection au VIH, le diabète, la prise de certains médicaments, l’alcoolisme, les cancers, etc. D’autres facteurs qui favorisent également la survenue de sepsis sont la présence de matériels tels que les sondes urinaires, des prothèses dentaires, etc.
Lorsqu’une personne est en train de faire un sepsis dans son environnement familial, quels sont les réflexes que doivent adopter la famille et/ou les proches dans l’immédiat afin d’empêcher le décès de cette personne ?
Il est recommandé aux personnes présentant des signes de sepsis de se rendre rapidement dans une structure hospitalière pour une prise en charge appropriée. Le sepsis est un état qui peut évoluer rapidement vers des stades de gravité avancés. Une prise en charge rapide favorise une évolution favorable. Il faut souligner que plusieurs mauvaises pratiques sont à proscrire, notamment l’automédication abusive qui peut avoir de graves conséquences sur l’évolution de cette pathologie.
Qu’en sera-t-il de la prise en charge, du traitement et du suivi de cette personne juste après ?
Une fois la personne admise à l’hôpital elle sera méticuleusement examinée, des examens complémentaires biologiques, biochimiques et/ou des examens d’imagerie seront demandés et un traitement adéquat sera institué. Des cas graves peuvent aussi nécessiter des mesures de réanimation. Une prise en charge adéquate peut aboutir à une guérison complète au bout de quelques jours. Dans certains cas, des séquelles peuvent demeurer, d’autres cas graves peuvent aboutir au décès.
Quelles précautions faut-il prendre afin d’éviter d’être confronté à un cas de sepsis ?
Pour prévenir le sepsis, il faut lutter contre les facteurs qui sont susceptibles d’affaiblir le système immunitaire (lutter contre l’infection au VIH, équilibrer le diabète, etc.), avoir une bonne hygiène de vie (lutter contre l’alcoolisme, avoir une activité physique régulière, avoir une bonne hygiène dentaire, etc.), éviter la consommation abusive des médicaments (l’automédication), traiter correctement les infections en respectant le nombre de prises de médicaments, le dosage des médicaments ainsi que la durée du traitement selon les recommandations du médecin. Surtout en cas de symptômes, se rapprocher rapidement d’une structure hospitalière.
Interview réalisée par Ange Camelle OBOUE avec Cédric KOIVOGUI