Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous éclaire, dans cette interview, sur la distinction à faire en ce qui concerne le Paludisme et la Dengue. L’objectif étant ainsi d’amener chacun(e) à ne pas du tout négliger les symptômes relatifs à ces deux (2) maladies et à se référer à un(e) médecin en cas de récurrence, de persistance voire d’aggravation de ces symptômes.
Docteur, tout d’abord, que pouvez-vous déjà nous dire au sujet du Paludisme et de la Dengue ?
Le Paludisme et la Dengue sont deux (2) maladies infectieuses à transmission vectorielle c’est-à-dire que les agents pathogènes responsables de ces maladies sont transmis par des vecteurs qui sont,plus précisément, des moustiques qui ont des caractéristiques assez différentes selon qu’il s’agisse de la Dengue ou du Paludisme. Outre leur mode de transmission, ces deux (2) maladies ont beaucoup de similitudes quant à leur présentation clinique.
Comment contracte-t-on ces deux (2) maladies ?
Ces maladies sont transmises par des piqûres de moustique. Dans le cas du Paludisme, il s’agit d’un moustique du genre anophèle et dans le cas de la Dengue, il s’agit d’un moustique du genre aedes. Lorsqu’on est piqué par ces moustiques préalablement infectés, on reçoit une charge parasitaire ou virale (selon qu’il s’agisse du Paludisme ou de la Dengue). Les microbes inoculés vont suivre un cycle dans l’organisme qui sera la cause des différentes manifestations cliniques (signes et symptômes) et para cliniques observées au cours de ces pathologies.
Quel(s) sont les symptômes communs relatifs à ces deux (2) maladies ?
Les symptômes fréquemment rencontrés communs à ces (2) maladies sont la fièvre, les douleurs musculaires/articulaires, une perte d’appétit, les nausées, les vomissements, la fatigue (asthénie).
Au regard de tous ces symptômes que vous venez d’énumérer, comment pouvons-nous donc nuancer ces deux (2) maladies ?
Sur le plan clinique, en absence de certains signes de gravité, il est assez difficile de pouvoir différencier ces (2) maladies. Cependant, on peut observer certaines particularités. Au cours de la Dengue, on peut observer une éruption cutanée contrairement au Paludisme. Au cours du Paludisme, on peut observer des signes de gravité qui sont assez caractéristiques. En pratique courante, le contexte épidémiologique et les examens para cliniques sont d’une grande utilité pour distinguer ces deux (2) maladies.
Quel(le)s sont les causes et/ou éventuels facteurs de risque d’être finalement confronté(e) à l’apparition de tels symptômes ?
Les facteurs de risque peuvent être associés aux facteurs contribuant à la prolifération vectorielle. Nous pouvons citer le fait de vivre dans des milieux favorables au développement des moustiques (points d’eau stagnante autour des habitations), s’exposer à la piqûre des moustiques (ne pas dormir sous moustiquaire imprégnée d’insecticide, ne pas porter des vêtements qui couvrent le corps, etc.).
Autant pour les formes sévères de Paludisme tout comme de la Dengue, quelles sont ainsi les complications qui peuvent en résulter si rien n’est fait à temps pour circonscrire tous les symptômes relatifs à ces formes sévères ?
La Dengue peut, dans certains cas, aboutir à une défaillance cardiocirculatoire qui va entraîner un dysfonctionnement de plusieurs organes pouvant être malheureusement fatale. Le Paludisme aussi peut conduire à plusieurs dysfonctionnements tels qu’une anémie sévère, une insuffisance rénale, une défaillance cardiocirculatoire, des troubles neurologiques qui peuvent aussi conduire au décès.
Quelle est alors la démarche qui vous permet de confirmer officiellement un cas éventuel de Paludisme ou de Dengue à votre niveau ?
Après avoir recueilli les symptômes du patient ainsi que l’histoire de sa maladie au cours d’un interrogatoire, un examen physique est conduit en vue d’évaluer les différents systèmes de l’organisme pour rechercher des signes relatifs à ces maladies. Ensuite des examens para cliniques de biologie, biochimie et/ou d’imagerie sont réalisés dans le but de confirmer le diagnostic.
Qu’en est-il de la prise en charge, du traitement et du suivi en ce qui concerne chacune de ces maladies ?
En cas de Dengue, le traitement est généralement symptomatique c’est-à-dire que ce traitement consistera à prendre en charge les symptômes que nous avons précédemment cités. Dans des cas graves, le/la patiente sera mis(e) en observation et/ou hospitalisé(e) pour un meilleur suivi hospitalier. Dans le cas du Paludisme simple, le traitement est généralement médicamenteux avec la possibilité, pour le /la patient(e) de le poursuivre à domicile. En cas de Paludisme grave, le /la patient(e) est hospitalisé(e) pour un suivi rigoureux afin de traiter et/ou de prévenir les complications, jusqu’à la guérison.
Quelles précautions faut-il prendre afin de les éviter ?
Il s’agit surtout de promouvoir la lutte anti vectorielle ; désherber les alentours des maisons et se débarrasser des eaux stagnantes à proximité des domiciles, utiliser des répulsifs contre les moustiques, dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA), porter des vêtements qui recouvrent la peau, recevoir des traitements préventifs intermittents pour les femmes enceintes et les voyageur(e)s étrangers en zone d’épidémie/pandémie, faire vacciner les personnes à risque comme les enfants.
Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Olivia DECAMILLE