Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué revient, dans cette interview, sur les différentes formes d’arthrose auxquelles une personne lambda peut être confrontée de manière globale. Il profite également de l’occasion pour amener les un(e)s et les autres à mieux cerner les caractéristiques pouvant être liées, beaucoup plus précisément, à toutes ces formes d’affection.
Docteur, que pouvez-vous d’emblée nous dire au sujet de l’arthrose ?
L’arthrose est une maladie chronique qui affecte les articulations. Cette maladie est caractérisée par une dégénération des surfaces articulaires (cartilage articulaire) qui sera à l’origine des signes et symptômes caractérisant ladite maladie.
Quelles sont donc les formes d’arthrose auxquelles une personne peut être confrontée d’une manière globale ?
Comme nous l’avons dit, l’arthrose affecte les articulations. En fonction de sa localisation, il existe plusieurs formes d’arthrose. On parlera de cervicarthrose en cas d’arthrose localisée au niveau de la colonne vertébrale cervicale, de lombarthrose en cas d’arthrose localisée au niveau de la colonne vertébrale lombaire, gonarthrose pour l’articulation du genou, coxarthrose pour l’articulation de la hanche, etc.
Quelles sont les personnes qui peuvent être déjà concernées par ces différentes formes d’affection ?
L’arthrose peut affecter tout le monde mais cette maladie touche préférentiellement les personnes âgées. Entre 40 et 70 ans, les femmes sont plus touchées que les hommes. Avant l’âge de 40 ans, l’arthrose des grosses articulations (genou, hanche) touche surtout les hommes.
Quelles sont les nuances existantes entre l’arthrose, l’ostéoporose et l’ostéonécrose ?
L’arthrose est une pathologie chronique caractérisée par une dégénérescence du cartilage articulaire. Le cartilage est, en quelque sorte, une couche qui recouvre les surfaces de certaines articulations, ce qui permet et facilite le mouvement. Son érosion altère le fonctionnement articulaire. L’ostéoporose est une pathologie caractérisée par la diminution de la densité osseuse accompagnée de modification de l’architecture osseuse, ce qui entraine une fragilité osseuse. On retrouve cette pathologie fréquemment chez les personnes de sexe féminin (carence d’œstrogènes) les personnes en carence de vitamine D et/ou de calcium. L’ostéonécrose désigne, en quelque sorte, la mort de l’os conséquemment à une interruption de la circulation sanguine au sein du tissu osseux. Le fémur est l’os le plus touché, plus précisément, la tête du fémur. L’ostéonécrose peut arriver à la suite d’un traumatisme.
Pour en revenir à l’arthrose, quels sont déjà les symptômes pouvant être liés à ces diverses formes d’affection ?
L’arthrose peut être symptomatique ou asymptomatique. Lorsqu’elle est symptomatique, le symptôme principal est la douleur. La douleur est ressentie lors des mouvements impliquant les articulations concernées. La douleur peut être progressive ou d’emblée maximale. Le siège de la douleur dépend de l’articulation touchée : le cou, le dos, la région lombaire, la hanche, les genoux, etc. A la douleur peut s’associer une impotence fonctionnelle (incapacité partielle ou totale à utiliser un membre).
Quels sont les éventuels facteurs de risque d’être confronté(e) à de tels symptômes ?
Les facteurs de risque de l’arthrose sont l’âge et le sexe (comme nous l’avons expliqué précédemment), la ménopause chez les femmes, l’obésité, l’existence de certaines malformations ostéoarticulaires (genu varum, genu valgus), les antécédents de traumatisme articulaire (microtraumatismes répétés ou grands traumatismes), certaines maladies métaboliques comme la goutte ou la chondrocalcinose.
A votre niveau, quelle démarche vous permet de confirmer officiellement un potentiel cas d’arthrose chez cette personne ?
Au cours d’un interrogatoire, nous recueillons l’histoire de la maladie, les différents symptômes, leur mode d’évolution, ainsi que les antécédents contributifs du/de la patient(e). Ensuite, au cours d’un examen physique, nous examinons le/la patient(e) à la recherche de signes physiques particuliers. Des examens para cliniques complémentaires d’imagerie et de biologie sont ensuite réalisés, pour confirmer le diagnostic.
Qu’en est-il de la prise en charge, du traitement et du suivi de cette personne ?
L’arthrose étant une maladie chronique potentiellement évolutive, la prise en charge et le suivi se font généralement à long terme. Cette prise en charge peut être non-médicamenteuse, médicamenteuse et/ou chirurgicale. Concernant la prise en charge non-médicamenteuse, il sera question de mettre l’articulation au repos, d’éviter les traumatismes. Quant à la prise en charge médicamenteuse, on peut avoir recours aux antalgiques, aux anti-inflammatoires, aux corticoïdes et/ou à de l’acide hyaluronique intra articulaire, de glucosamine chondroitine. A des stades avancés de la maladie, on peut avoir recours à la chirurgie pour la mise de prothèses articulaires (prothèse de la hanche dans les cas de coxarthrose avancée par exemple).
Quelle(s) attitude(s) doit adopter l’entourage de cette personne afin de faire face à pareille situation ?
La prise en charge de l’arthrose peut être coûteuse (une chirurgie de la hanche par exemple peut être onéreuse) et les personnes atteintes d’arthrose peuvent, dans certains cas, présenter un handicap qui pourrait avoir un impact important sur leur qualité de vie. Ainsi, nous encourageons leur entourage à leur venir en aide que cela soit en termes d’assistance physique pour l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes, d’assistance financière pour leur prise en charge médicale, ainsi que d’assistance morale pour révéler les défis quotidiens qu’impose cette maladie chronique. Nous ne saurons terminer sans une mise en garde concernant l’automédication abusive d’anti-inflammatoires pour la prise en charge des douleurs articulaires, ce qui peut constituer un réel danger pour la santé. Nous recommandons vivement à toute personne souffrant de douleur articulaire de consulter un médecin pour une prise en charge appropriée.
Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Laure KOUAME