
Très courageuse, Awa le restait malgré le fait que sa simple présence suscitait constamment le recul, l’éloignement, le rejet pire le dégout de toutes les personnes vers lesquelles elle s’approchait. Après, il faut quand même le dire, ces personnes avaient aussi une raison de le faire. En effet, elle dégageait une forte odeur pestilentielle mêlée à d’intenses relents d’urine à chacun de ses déplacements mais bon gré, mal gré, elle n’avait finalement pas le choix ! Vivant dans un foyer polygame avec un mari souvent difficile à supporter, il fallait qu’elle puisse trouver les moyens de s’occuper de ses deux (2) garçons encore en bas âge. L’un d’entre eux étant légèrement plus âgé que le second qu’elle portait constamment sur son dos afin d’exercer plus aisément ses activités quotidiennes…
Même si aux dernières nouvelles, cette femme n’est plus de ce monde, il est à retenir qu’elle n’hésitait pas à parcourir, dans cette ville de Bouaké située en Côte d’Ivoire, tous les quartiers bien souvent à pied avec son bébé au dos. Dans ces quartiers, elle en profitait pour toquer aux portes des domiciles afin de leur proposer ses services de lavandière. Inutile de préciser qu’elle exerçait assez difficilement cette activité car il fallait qu’elle reste assez longtemps, dans une position inconfortable, dans l’espoir de recevoir, de la part des personnes qui acceptaient volontiers de l’aider, l’argent dont elle avait besoin pour s’occuper de sa progéniture. En ce qui concerne Moussa, l’un de ses neveux, il déplore encore cette éprouvante situation vécue par sa défunte tante malgré toutes ces années passées juste avant son décès. « Elle est décédée à l’âge de 40 ans. De ce que ma mère a eu à me raconter, ces odeurs d’urine et de matières fécales ont commencé à vraiment se manifester lorsqu’elle a accouché mon cousin, son tout premier fils. Elle sortait à peine de l’adolescence lorsque ses parents ont décidé de la donner en mariage à une personne nettement plus âgée mais ayant plusieurs femmes, cette personne n’arrivait pas vraiment à s’occuper d’elle et de ses enfants », rappelle ce journaliste à la trentaine révolue avant de signifier que dans sa communauté, ce genre de cas est difficile à appréhender car ces femmes parlent très peu de ce qu’elles vivent. Du coup, le traitement relatif à ce qu’elles peuvent endurer reste assez tardif. Ce qui favorise ainsi, dans bien des cas, le fait qu’elles se retrouvent marginalisées par leur (belle) famille et tout(e)s leur(s) proche(s).
Soutien
Contrairement à Awa, Rosine en a bénéficié de la part de son mari lorsqu’elle a été confrontée, il y près de 20 ans de cela, à une fistule obstétricale juste après le décès de son bébé. « En 2004, j’ai perdu mon enfant durant l’accouchement et c’est à l’issue de cet accouchement que mon ventre a commencé à s’enfler parce que je n’arrivais plus à uriner normalement. Je ne sentais plus également l’une de mes jambes. Je faisais tout pour la soulever mais je n’y arrivais pas », révèle cette ménagère à la vingtaine révolue à cette époque avant de revenir sur le soutien qui lui a été apporté par son conjoint durant cette éprouvante période. « Ma propre famille m’a fait plus ou moins laissée pour compte mais mon mari a fait mains et pieds pour que je puisse bénéficier d’une intervention chirurgicale afin de mettre fin à cette perforation au niveau de ma vessie », se réjouit-elle jusqu’à présent car elle a pu finalement être mère de deux (2) enfants (une fille et un garçon) en parfaite santé. Selon cette femme à l’approche de la quarantaine maintenant, pour faire face à cette pathologie, l’idéal est donc d’agir au plus vite même si cela n’est pas toujours évident surtout pour les (jeunes) filles/femmes vivant dans la précarité ou encore issues de milieux défavorisés.
Conscience
C’est l’état dans lequel il faut se mettre aussi bien pour la personne concernée comme pour son conjoint, sa (belle) famille et tout(e)s ses proches afin de faire face à cette pathologie. Il est possible d’en guérir surtout si l’information, la sensibilisation et la prévention sont mis(e)s en œuvre eu niveau des communautés concernées. L’objectif étant surtout de permettre à la (jeune) fille tout comme à la femme de bénéficier, au plus vite, d’une prise en charge, d’un traitement et d’un suivi auprès de professionnel(le)s de santé qualifié(e)s en la matière. Et ce, dès le début de la grossesse jusqu’à l’accouchement de la (jeune) fille tout comme de la femme. « Le soleil ne devrait pas se lever ou se coucher deux (2) fois sur une femme en travail », comme vient ainsi appuyer ce vieux proverbe africain en ce qui concerne principalement cet état de fait. A toutes les (jeunes) filles/femmes issues des milieux où les soins peuvent être difficiles à pratiquer, il ne faut quand même pas hésiter à se rendre à l’hôpital le plus proche car plus vite, le diagnostic et l’intervention chirurgicale sont réalisé(e)s, au mieux cette situation est rapidement maîtrisée !
Emmanuelle YOMAN avec Jean-Paul DEMOUSS