Accident Vasculaire Cérébral : Docteur Nanko Tonda Josué, Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan : « Pour prévenir l’AVC, il faut lutter contre tous les facteurs de risque cardiovasculaire»

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Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous donne, dans cette interview, de plus amples précisions sur l’Accident vasculaire cérébral (Avc). L’objectif étant d’amener les un(e)s et les autres à adopter les bons réflexes en cas d’apparition soudaine de cette crise au niveau d’eux/d’elles-mêmes ou encore de leur entourage.

Docteur, De manière simple, quelle définition pouvez-vous donner à l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) ?

L’Avc peut être défini comme un déficit neurologique d’apparition brutale qui est la conséquence d’une interruption de la circulation du sang au niveau du cerveau. Cette interruption de la circulation du sang peut être la conséquence de l’obstruction ou de la rupture d’un vaisseau qui transporte le sang dans le cerveau. On distingue deux (2) types d’Avc, l’Avc ischémique et l’Avc hémorragique. L’Avc ischémique, plus fréquent que l’Avc hémorragique, survient lors de l’occlusion d’un vaisseau assurant le transport du sang au niveau du cerveau. Au cours de l’Avc hémorragique, il s’agit de la rupture d’un vaisseau assurant le transport du sang au niveau du cerveau. On parle aussi d’Accident ischémique transitoire (Ait) lorsque la circulation du sang au niveau du cerveau est compromise pendant un court instant, engendrant des signes neurologiques mais qui régressent secondairement rapidement. 

Quels sont les symptômes liés à ces différents types d’AVC ?

Les symptômes de l’Avc dépendent de la région du cerveau concernée et ils apparaissent brutalement. On peut avoir des symptômes moteurs (paralysie ou parésie d’un ou de plusieurs membres, paralysie faciale), des symptômes sensitifs (anesthésie ou hypoesthésie d’une région du corps, troubles de la vue), des symptômes atteignant les fonctions supérieures du cerveau (trouble de la mémoire, trouble du langage, trouble du comportement, coma), des symptômes viscéraux (incontinence urinaire, augmentation de la fréquence cardiaque), des troubles de la coordination des mouvements et de l’équilibre.

Quelles sont les causes ou facteurs de risque pouvant justifier l’apparition de l’Avc ?

Les facteurs de risque de l’Avc sont assez diversifiés. Il s’agit pour beaucoup de facteurs de risque cardiovasculaires tels que l’hypertension artérielle, le tabagisme, la sédentarité, l’obésité, l’alcoolisme, le diabète, les troubles du profil lipidique, des troubles du rythme cardiaque, la présence de certaines malformations vasculaires dans le cerveau. Il est aussi à noter que la drépanocytose est une cause fréquente d’Avc chez les enfants qui en sont atteints.

Quelles sont les complications qui peuvent en résulter si rien n’est fait pour contenir rapidement ces symptômes ?

Le(s) déficit(s) neurologique(s) engendré(s) par l’Avc peut (peuvent) demeurer invalidant(s), entraînant un ou plusieurs handicaps chez les patients qui en sont atteints. Ces handicaps peuvent considérablement altérer la qualité de vie des patients (et même de leur entourage) et être à l’origine du décès.

A votre niveau, à l’issue de quelle démarche vous pouvez affirmer qu’une personne est officiellement confrontée à un éventuel Avc ?

En consultation, auprès du patient ou de son entourage, on recueille à l’interrogatoire des éléments qui peuvent nous orienter vers la pathologie. Ce sont des éléments tels que les symptômes présentés, les circonstances de leur apparition, les antécédents de facteurs de risque etc. Ensuite, un examen physique complet du patient est effectué en vue d’identifier tous les signes physiques traduisant un dysfonctionnement neurologique ou de tout autre système ou organe. A la suite, des examens complémentaires sont réalisés, notamment une tomodensitométrie cérébrale (communément appelée scanner) qui révèlera des lésions cérébrales expliquant les signes présentés par le patient.

Une fois le diagnostic de cette personne confirmé de par vos soins, qu’en est-il de la prise en charge, du traitement et du suivi de cette personne ?

La prise en charge globale de l’Avc comprend des mesures médicamenteuses et non médicamenteuses en milieu hospitalier et extrahospitalier selon le type d’Avc, les lésions que présente le patient et les comorbidités. Des recommandations sont faites concernant les habitudes à changer et/ou à encourager. On peut avoir recours à la kinésithérapie et à des médicaments spécifiques dans le but de favoriser la restauration du déficit neurologique, de prévenir les complications et les récidives.

Quel rôle la famille et/ou les proches de cette personne devraient jouer à ce niveau ?

L’Avc est une pathologie pouvant être invalidante dont le retentissement peut affecter les différents aspects de la vie des patients et même de leur entourage. La famille et l’entourage doivent assurer un soutien moral et social, pour que le patient ne se sente pas exclu de la vie sociétale ou encore qu’il soit abattu par sa maladie. Il doit aussi avoir un soutien financier pour bénéficier d’une prise en charge et d’un suivi optimal qui peuvent parfois s’avérer onéreux.

Quels conseils pouvons-nous donner à une personne confrontée à un Avc ?

En cas d’apparition de signes et symptômes sur soi-même ou sur quelqu’un de l’entourage, il est recommandé de contacter le plus rapidement possible des secours ou de se rendre à l’hôpital. Une prise en charge rapide peut garantir un meilleur pronostic dans l’évolution de la maladie.

Quelles précautions faut-il prendre afin de prévenir pour ne pas dire éviter cette crise ?

Pour prévenir l’Avc, il faut lutter contre tous les facteurs de risque cardiovasculaires ; Lutter contre la sédentarité et l’obésité en pratiquant une activité physique régulière et en adoptant une bonne hygiène diététique, lutter contre l’hypertension artérielle et le diabète en se faisant dépister et en respectant les règles de suivi données par le médecin, lutter contre la consommation importante d’alcool, arrêter le tabac,  réduire la consommation de matières grasses, de sel et de glucides. En cas de question ou de préoccupation, on doit se rapprocher d’un professionnel de santé pour éclaircissement.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Olivia DECAMILLE

 

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