
Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous donne, dans cette interview, de plus amples informations sur le cancer de la prostate et sur la prostatite. L’objectif étant d’amener tout un chacun à ne surtout pas négliger les facteurs de risque pouvant justifier l’apparition de ces maladies au niveau de cette glande de l’appareil génital masculin.
Docteur, d’emblée, quelle définition pouvez-vous donner au cancer de la prostate ?
De manière simple, le cancer de la prostate est une maladie caractérisée par une multiplication incontrôlée de cellules cancéreuses à l’intérieur de la prostate. En fonction du grade, ces cellules cancéreuses peuvent rester localisées à l’intérieur de la prostate et/ou envahir les organes voisins.
Il y a, apparemment, une autre maladie qui lui ressemblerait, il s’agit de la prostatite. Quelles sont donc les nuances existantes entre le cancer de la prostate et cette maladie ?
La prostatite est une pathologie de la prostate qui est, fréquemment, la conséquence d’une infection (bactérienne surtout) ou d’un autre processus inflammatoire. Bien que la prostatite touche beaucoup les jeunes hommes, on peut la rencontrer à tout âge. Le cancer de la prostate est surtout rencontré chez des hommes âgés. Cette maladie est caractérisée par une multiplication incontrôlée de cellules cancéreuses à l’intérieur de la prostate avec une capacité de propagation aux autres organes.
Quels sont les facteurs de risque pouvant justifier l’apparition des symptômes liés à ces deux (2) maladies ?
Plusieurs facteurs de risque peuvent être cités pour le cancer de la prostate. Nous pouvons citer entre autres l’âge (les hommes les plus atteints sont, fréquemment, âgés de plus de 60 ans), des facteurs familiaux (avoir un parent atteint du cancer de la prostate augmente les risques de développer un cancer de la prostate), des facteurs ethniques (les noirs africains et les européens du nord sont plus atteints). Nous pouvons aussi citer l’obésité ou l’exposition à certains agents chimiques comme des pesticides. En ce qui concerne la prostatite, les facteurs de risque que nous pouvons citer sont les infections urinaires, la présence de malformations au niveau des voies urinaires, la présence d’un calcul à l’intérieur de la prostate. Il faut également souligner que la prostatite chronique est un facteur de risque du cancer de la prostate.
A votre niveau, quelle démarche vous permet d’affirmer officiellement qu’une personne est atteinte d’un cancer de la prostate ?
Dans un premier temps, lorsque le patient se présente à l’hôpital, il est soumis à un examen clinique. On recherche à l’interrogatoire des facteurs de risque et/ou des signes pouvant évoquer un probable cancer de la prostate comme des gouttes retardataires à la fin de la miction, un effort important au cours de la miction, un jet urinaire faible ou intermittent, une hématurie (présence de sang dans l’urine), des douleurs osseuses (il est à souligner que le cancer de la prostate peut rester asymptomatique pendant longtemps et les symptômes apparaissent souvent dans des stades avancés). Un examen physique est mené au cours duquel est réalisé un toucher rectal qui consiste à insérer le doigt à l’intérieur du rectum par l’anus du patient pour examiner certaines caractéristiques de la prostate. Un examen général de tous les systèmes est aussi fait. Après l’examen clinique, on a recours aux examens paracliniques. On dosera dans le sang le PSA (prostatic specific antigen). Il s’agit d’une substance que la prostate libère dans le sang. Des variations de son taux dans le sang peuvent indiquer une pathologie prostatique. Des examens d’imagerie tels qu’une échographie et/ou une IRM de la prostate et des voies urinaires peuvent être réalisées, de même qu’une biopsie de la prostate en vue d’analyser les cellules cancéreuses.
Qu’en est-il de la démarche en ce qui concerne la prostatite ?
A l’examen clinique, on recherchera des facteurs de risque et des signes/symptômes évocateurs. En cas de prostatite aigüe, on peut retrouver des douleurs pendant la miction, des difficultés à uriner, une envie fréquente d’uriner, des douleurs pelviennes et /ou lombairess, une fièvre. En cas de prostatite chronique, on peut retrouver en plus des troubles de l’érection ou de l’éjaculation. On examine aussi la prostate par un toucher rectal, accompagné d’un examen général. Des examens complémentaires sont réalisés (analyses biologiques et biochimiques d’urine, de sperme, de sang) pour identifier la cause et la traiter convenablement.
Une fois que le patient est déclaré officiellement atteint par l’une de ces deux (2) maladies, comment s’effectue-la prise en charge, le traitement et le suivi de ce patient ?
Concernant le cancer de la prostate, une fois le diagnostic posé, il va falloir procéder à un bilan d’extension. En fonction du grade du cancer, on peut procéder soit une abstention thérapeutique (la surveillance) ou à la chirurgie associée à une chimiothérapie et/ou une radiothérapie et/ou une hormonothérapie, soit à des soins palliatifs. Le suivi thérapeutique est pluridisciplinaire (faisant intervenir plusieurs spécialistes). La prostatite étant fréquemment infectieuse, le traitement repose principalement sur la prise d’antibiotiques adaptés aux microbes identifiés à l’aide d’examens biologiques.

Quel rôle la famille ou l’entourage du patient doit-il jouer lorsque le patient est officiellement confronté à un cancer de la prostate et/ou à une prostatite ?
Le patient a besoin du soutien de sa famille et de tous ses proches. Il doit se sentir rassuré par ceux-ci. En plus de l’assistance psychologique, il a aussi besoin d’un soutien financier pour alléger le coût relatif à sa maladie. En définitive, nous ne saurons terminer sans ajouter qu’à partir de 45 ans, il est recommandé aux hommes de se faire examiner la prostate même en absence de signes urinaires. Le cancer de la prostate étant asymptomatique à ses débuts, un diagnostic précoce permet une prise en charge optimale avec un bon pronostic.
Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Eric GNOBE