Thalassémies et drépanocytose : entre symptômes similaires et crises aiguës !

Pour certaines formes sévères de thalassémie ou pour la drépanocytose, il est important de pouvoir rapidement bénéficier de poches de sang dans le cas d’une transfusion sanguine relative au traitement (Photo : Dr)

D’aucuns affirment qu’il est difficile, pour une personne, d’atteindre 30 ans voire 40 ans d’âge surtout lorsque cette même personne souffre d’une forme extrême de thalassémie ou encore de la drépanocytose. Loin de vouloir forcément s’inscrire dans ce même élan, cette affirmation a quand même été le cas de Richard, jeune étudiant en sciences physique et chimie dans une université de la place située à Abidjan. En effet, âgé de 25 ans à l’époque, ce drépanocytaire SS a perdu la vie, il y a un peu plus de 10 ans maintenant faute d’avoir reçu à temps, la transfusion sanguine qui lui ait prescrite en ce qui concerne principalement son traitement.

Aujourd’hui, avec un peu de recul, tout porte à croire finalement que son décès a été une libération vu la récurrence des crises aiguës auxquelles il était à chaque fois confronté durant son cursus scolaire / académique. « Au moindre changement brusque de la température (du chaud au froid ou inversement), il était partagé entre le fait de porter des survêtements pour partir à ses cours ou encore de rester à la maison afin de ne pas inquiéter ses camarades de classe ou d’amphithéâtre», révèle Nadia, sa grande sœur, commerciale de profession et également  drépanocytaire SS depuis son plus jeune âge. A la question de savoir comment il se sentait lorsqu’il manifestait de telles crises, elle répond qu’il est assez difficile de décrire cette situation même étant du même statut que son défunt petit-frère. « Les douleurs peuvent se manifester de plusieurs manières donnant ainsi l’impression d’être poignardé(e) de partout avec un couteau. Dans certains cas, on a aussi l’impression que nos os sont complètement broyés à cause de ces crises quitte à croire qu’on est train d’être écrasé(e) juste en dessous d’un véhicule… », indique t-elle tout en précisant que ce genre de sensation a aussi un impact psychologique sur la personne qui en souffre et surtout sur ses relations avec son entourage. « D’une douleur indescriptible, ces crises peuvent nous amener à changer brusquement d’humeur. On peut ainsi facilement passer, du rire aux larmes ou à la colère parfois même dans certains cas où l’intensité des douleurs relatives à ces crises est vraiment élevée », souligne en outre Nadia. Aussi, ce genre de cas peut, par ailleurs, amener cette personne à rester à l’écart des autres pour éviter de les frustrer, de leur faire peur ou encore de les vexer.

Retrait

C’est ce que faisait Andréa, une assistante en production audiovisuelle dans une agence de communication de la place. Pour son cas, cette jeune demoiselle à la trentaine révolue est décédée, il y a près de quatre ans de cela, d’une complication relative à son statut de drépanocytaire AS mais ce qui est vraiment édifiant chez elle, c’était son extrême intelligence car elle arrivait à avoir d’excellentes notes / moyennes de classe malgré ses absences souvent longues voire répétées tout au long de son cursus scolaire /académique. « En période pluvieuse, elle préférait ne pas venir aux cours. Quand la température revenait un peu à la normale, elle venait en salle de classe avec un pullover où un blouson soit pour se mettre à jour en utilisant nos cahiers soit pour rattraper les évaluations de nos cours en accord avec les professeurs de l’école », rappelle Éric, l’un de ses voisins de classe de l’époque avant d’admettre qu’elle aussi en souffrait même si elle s’évertuait à rester forte malgré toutes les aggravations auxquelles elle était confrontée. Se souvenant de son état de santé, il profite de l’occasion pour faire remarquer, à son humble niveau, l’importance de faire les examens qu’il faut afin de limiter ces crises dès le bas âge pour la personne concernée.

Statut

Peu importe le fait de souffrir d’une quelconque forme de thalassémie ou de drépanocytose dans des cas beaucoup plus graves, l’idéal reste de se faire dépister le plus rapidement possible surtout si dans la famille de la personne concernée, des parents ou des proches sont déjà plus ou moins confronté(e)s à ces hémoglobinopathies au niveau de leur patrimoine génétique. Pour Joséphine, Community manager de profession à la trentaine révolue également drépanocytaire AS, plus tôt le dépistage est effectué, beaucoup plus efficient seront la prise en charge, le traitement tout comme le suivi afin de vivre beaucoup plus longtemps qu’il n’en faut. « Il est possible pour un(e) drépanocytaire d’avoir une vie tout à fait normale, avoir des enfants et tout mais dans le cas d’une grossesse par exemple, connaitre son statut permet de faire beaucoup plus attention à son état de santé car les accouchements ou toute autre forme d’intervention chirurgicale reste assez délicat à ce niveau. Dans pareille situation, il faut forcément des poches de sang supplémentaires pour mieux y faire face  », conclut-elle tout en soulignant en outre le fait que cela reste quand même stressant surtout lorsque le groupe sanguin de la personne concernée est assez rare à trouver.

Ange Carmelle OBOUE avec Jean-Paul DEMOUSS

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