
Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous donne de plus amples précisions sur la dysménorrhée. L’objectif étant d’amener les un(e)s et les autres à y faire beaucoup plus attention car des causes, un peu plus complexes, pourraient éventuellement être rattachées à ces douleurs menstruelles.
Docteur, que pouvez-vous d’emblée nous dire au sujet des dysménorrhées ?
De manière simple, les dysménorrhées sont des douleurs ressenties par des femmes pendant la période menstruelle. Ces douleurs peuvent être ressenties avant et/ou pendant les règles, elles sont généralement localisées au niveau de la région pelvienne (bas ventre) et peuvent être d’intensité légère, modérée ou sévère.
Comment se manifestent ces douleurs et quels sont les autres symptômes qui peuvent y être associés ?
Les dysménorrhées sont des douleurs typiquement ressenties au niveau de la région pelvienne (bas ventre). D’intensité légère, modérée ou sévère, ces douleurs peuvent être perçues par la femme comme des étirements ou des crampes. Dans certains cas, plusieurs autres symptômes peuvent y être associés tels que des vomissements, de la nausée, la diarrhée, une perte de d’appétit, des céphalées (maux de tête), une sensation de fatigue générale (asthénie).
Quelles sont les causes pouvant justifier l’apparition de tels symptômes chez la jeune fille et/ou la femme ?
Tout d’abord, il est important de souligner qu’il existe deux (2) types de dysménorrhées à savoir les dysménorrhées primaires et les dysménorrhées secondaires. Les dysménorrhées primaires sont fréquemment rencontrées chez les adolescentes. Elles sont, le plus souvent, liées à des contractions de l’utérus sous l’action des prostaglandines qui sont sécrétées durant la période menstruelle. En ce qui concerne les dysménorrhées secondaires, elles sont causées par d’autres troubles gynécologiques qui sont à l’origine des douleurs ressenties pendant la période menstruelle. Il peut s’agir de maladies comme l’endométriose, les myomes/fibromes, certaines infections génitales, des malformations de l’appareil génital, etc. Les dysménorrhées secondaires peuvent s’observer chez les adolescentes et aussi chez les femmes plus âgées.
Pour en revenir aux symptômes, quelles sont les complications qui peuvent en résulter si ces symptômes s’aggravent ou sont de plus en plus persistants ?
Les dysménorrhées sont des douleurs dont l’intensité peut aller de légère à sévère. Certaines douleurs sévères peuvent être insupportables au point d’impacter significativement la qualité de vie de la femme qui en souffre. En cas de dysménorrhées secondaires, la patiente peut, dans certains cas, présenter des complications en rapport avec la pathologie gynécologique sous-jacente (myomes, infections génitales, etc.).
Qu’en est-il de la prise en charge, du traitement et du suivi surtout dans le cas d’une éventuelle persistance ou d’une aggravation des symptômes ?
En ce qui concerne les dysménorrhées primaires, la prise en charge consistera à la prise d’antalgiques, d’anti-inflammatoires, d’antispasmodiques qui auront pour effet de calmer la douleur ressentie par la femme. Les dysménorrhées primaires ont souvent tendance à disparaître avec la survenue de grossesses et des accouchements. Dans le cas des dysménorrhées secondaires, il s’agira, tout d’abord, d’investiguer sur la cause des dysménorrhées. Le traitement proposé va dépendre de la cause retrouvée chez la patiente. Dans certains cas de dysménorrhées secondaires, un traitement bien conduit peut aboutir à une guérison définitive.
Au regard de tout ce que vous venez de signifier, que faut-il faire, de manière pratique, pour limiter ces douleurs ?
Comme nous l’avons mentionné plus haut, les dysménorrhées peuvent avoir plusieurs causes. Ainsi pour limiter ces douleurs, nous recommandons de rencontrer un(e) professionnel(le) de santé pour établir un bon diagnostic concernant le type de dysménorrhées dont dépendra la prise en charge de la patiente. Concernant les dysménorrhées primaires, il a été prouvé qu’une alimentation riche en sucre pouvait aggraver les douleurs. Aussi nous recommandons aux femmes qui en souffrent de faire attention aux sucreries. Il serait aussi important de mettre en garde concernant la consommation abusive d’antidouleurs qui peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé. Nous recommandons aux personnes souffrant de dysménorrhées secondaires de se conformer aux recommandations de leur médecin traitant.
Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Emmanuelle YOMAN