
Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué donne, dans cette interview, quelques précisions par rapport au fibrome de manière globale. Il profite également de l’occasion pour inciter les jeunes filles tout comme les femmes à être beaucoup plus attentives aux symptômes et à ne pas du tout hésiter à avoir recours à des spécialistes afin de mieux faire face à cette maladie.
Docteur, que pouvez-vous déjà nous dire au sujet du fibrome ?
Aussi appelés myomes, les fibromes sont des tumeurs bénignes qui se développent aux dépens du muscle de l’utérus. En fonction de leur localisation, on peut distinguer trois (3) types à savoir les myomes intramuraux, sous-séreux et sous-muqueux.
Quelles sont les catégories de jeunes filles et/ou de femmes qui peuvent être touchées par ces différents types de fibromes ?
Les fibromes peuvent être rencontrés chez toutes les femmes mais surtout chez des femmes présentant certains facteurs de risque. Nous pouvons citer l’âge (on les rencontre plus fréquemment chez les femmes en âge de procréer entre 30 et 50 ans), la descendance (les femmes de descendance africaine sont plus exposées), un déséquilibre hormonal (un taux élevé estrogènes augmente le risque d’apparition de myomes), les menstruations précoces, l’obésité.
De manière générale, quels sont les symptômes qui peuvent être associés à ces différents types de fibromes ?
Plusieurs femmes qui ont des fibromes peuvent ne présenter aucun symptôme. Cependant, les symptômes qu’on observe habituellement chez les femmes qui souffrent de myomes sont : le saignement (il peut s’agir de saignement entre les règles, de règles abondantes), des douleurs pelviennes, une gêne pelvienne, des masses qui apparaissent au niveau de l’abdomen ou alors une distension abdominale (le ventre qui prend du volume sans raison apparente). Dans certains cas, les patientes peuvent présenter des difficultés à tomber enceinte ou à mener à terme une grossesse.
Pour une jeune fille et/ou une femme, quelles sont les complications qui peuvent en résulter si rien n’est fait à temps pour les circonscrire rapidement ?
Les femmes qui souffrent de fibromes peuvent être confrontées à certaines complications : l’infertilité, les fausses couches, l’anémie à la suite de saignements répétés, la nécrobiose (lorsque le fibrome arrête d’être alimenté par du sang et se désintègre, ce qui peut entraîner des douleurs, etc.), les prolapsus (c’est-à-dire des myomes qui peuvent basculer et se présenter au niveau du vagin, etc.).
Pour ne pas en arriver jusque-là, quelle est donc la démarche vous permettant de confirmer un cas de fibrome(s) chez cette jeune fille et/ou cette femme ?
Habituellement, la femme viendra en consultation par rapport aux symptômes que nous avons précédemment cités à savoir les saignements abondants en dehors et/ou pendant la période menstruelle, les problèmes de fertilité, les douleurs et/ou les pesanteurs pelviennes, etc. On va donc l’examiner afin d’identifier sur le plan clinique, les signes particuliers associés à cette maladie. Par la suite, des examens para cliniques (l’échographie) seront réalisés afin d’apprécier la situation des myomes au niveau de l’utérus. D’autres analyses peuvent également être prescrites, un bilan sanguin par exemple pour vérifier une anémie en rapport avec un problème de saignement.
Qu’en est-il alors de la prise en charge, du traitement et du suivi à ce niveau ?
La prise en charge dépend de la présentation clinique de la maladie. Pour des fibromes asymptomatiques, on préconise une surveillance. En cas de signes, la prise en charge initiale est symptomatique. Des protocoles thérapeutiques sont mis en place pour la prise en charge de la douleur, du saignement, etc. Dans certains cas, (pour les problèmes éventuels de fertilité, saignement difficilement contrôlable par des médicaments, douleurs sévères et régulières malgré un traitement médical, etc.), on pourrait avoir recours à une prise en charge visant à enlever les fibromes : une prise en charge chirurgicale, une embolisation, etc.
Pour la personne concernée tout comme son entourage, quelle(s) attitude(s) faut-il adopter afin de mieux faire face à cette situation ?
Nous recommandons de faire attention aux traitements miracles qui pullulent un peu partout dans la rue, sur les réseaux sociaux ou dans des marchés qui en plus d’être inefficaces peuvent être dangereux. Il faut faire confiance à son gynécologue et respecter scrupuleusement le traitement prescrit pour avoir le résultat escompté.
Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Emmanuelle YOMAN