Fistule obstétricale: Docteur Nanko Tonda Josué, Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan : «  Il faudrait également sensibiliser les populations sur la fistule obstétricale, ses facteurs de risque et assister ces (jeunes) filles et/ou femmes qui font face à cette pathologie afin de lutter contre leur stigmatisation et leur isolement social »

Crédit Photo : Hashtag Studio

Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué délivre, dans cette interview, quelques éclaircissements relatifs à la fistule obstétricale. Il profite de l’occasion pour exhorter les (jeunes) filles tout comme les femmes à ne pas hésiter à se rapprocher des centres hospitaliers afin de bénéficier de soins obstétricaux beaucoup plus adéquats en la matière.

Docteur, que pouvez-vous déjà nous dire au sujet de la fistule obstétricale ?

De manière simple, la fistule obstétricale est une pathologie qui se caractérise par une communication anormale entre des organes de la région pelvienne. Il s’agit, fréquemment, d’une communication entre le vagin et la vessie (fistule vésico-vaginale) ou entre le vagin et le rectum (fistule recto-vaginale).

Quelles sont les catégories de (jeunes) filles et/ou de femmes qui peuvent être  touchées par ces différents types de fistule obstétricale ?

Généralement, on peut rencontrer les fistules chez les adolescentes enceintes dont le bassin est encore immature, celles vivant en zones rurales sans accès aux soins obstétricaux d’urgence, les femmes ayant eu un accouchement prolongé sans césarienne, celles mariées ou enceintes très jeune, les femmes vivant dans la précarité, sans accompagnement médical durant l’accouchement.

De manière générale, quels sont les symptômes qui peuvent être associés à ces différents types de fistule obstétricale ?

Les symptômes principaux rencontrés chez les femmes souffrant de fistules obstétricales sont : une perte involontaire continue d’urine ou de selles par le vagin, une irritation chronique de la peau autour du périnée due à l’humidité, des mauvaises odeurs persistantes, des douleurs pelviennes ou infections urinaires à répétition, des difficultés à tomber enceinte (infertilité).

Pour une (jeune) fille et/ou une femme, quel(le)s sont les causes et/ou les facteurs de risque qui peuvent les amener à développer de tels symptômes ?

Il existe plusieurs facteurs de risques impliqués dans l’apparition des fistules obstétricales. Nous pouvons citer: les mariages et grossesses précoces, l’absence de suivi prénatal, les accouchements à domicile sans assistance qualifiée, les accouchements difficiles et prolongés, la malnutrition, le retard de croissance et le bassin étroit, de précédents traumatismes obstétricaux ou chirurgicaux.

Quelle est donc la démarche vous permettant de confirmer un cas de fistule(s) obstétricale(s) chez cette (jeune) fille et/ou cette femme ?

Le diagnostic de la fistule obstétricale repose habituellement sur trois (3) points: l’interrogatoire clinique (on relève les symptômes caractéristiques de la fistule obstétricale, les antécédents et facteurs de risque, etc.), l’examen gynécologique (qui permet de rechercher l’orifice de la fistule, d’évaluer sa localisation), des analyses complémentaires (injection de colorant dans la vessie pour identifier la fuite encore appelée test au bleu de méthylène, la cystoscopie ou la coloscopie selon la localisation, une échographie pelvienne si besoin).

Qu’en est-il alors de la prise en charge, du traitement et du suivi à ce niveau ?

Généralement, la prise en charge des fistules obstétricales associe: un traitement chirurgical : (réparation de la fistule par voie vaginale ou abdominale selon sa localisation et son étendue). des soins spécifiques (traitement des infections, amélioration de l’état nutritionnel, etc.), une rééducation périnéale post-opératoire (pour renforcer les muscles de la région pelvienne), un accompagnement psychologique (nécessaire pour la réinsertion sociale des femmes souffrant de fistules généralement stigmatisées).

Pour la personne concernée tout comme son entourage, quelle(s) attitude(s) faut-il adopter afin de mieux faire face à cette situation ?

Pour la personne qui en souffre, nous recommandons de ne pas avoir honte de consulter. Les fistules obstétricales se soignent et guérissent. Dans de nombreux pays, des campagnes de dépistage et de prise en charge gratuites sont organisées. Nous recommandons aux patientes de se rapprocher des structures en charge de ces campagnes pour une prise en charge adéquate. Il faudrait également sensibiliser les populations sur la fistule obstétricale, ses facteurs de risque et assister ces (jeunes) filles et/ou femmes qui font face à cette pathologie afin de lutter contre leur stigmatisation et leur isolement social.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Emmanuelle YOMAN

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *