Diabète en Côte d’Ivoire : le taux de prévalence estimé à 6% en 2016

En Côte d'Ivoire, le taux de prévalence enrégistré en 2017 est de 6,2% (Photo : Dr)

Il y a sept ans de cela, l’état des lieux relatif à la maladie du diabète a été l’objet d’une interview publiée par l’Agence Ivoirienne de Presse (Aip). Cet état des lieux a été dépeint par Abodo Jacko Rhedoor, Professeur agrégé du service d’endocrinologie-diabétologie du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yopougon. Cette interview a été réalisée en prélude à la journée mondiale de la santé dédiée, pour l’année 2016, au diabète.

Selon lui, en Côte d’Ivoire, la prévalence est autour de 6% et la maladie continue de progresser. D’un point de vue pragmatique, la décentralisation de la prise en charge du diabète est en cours… De trois centres de référence qui sont situés à Abidjan, aujourd’hui, il y a à peu près une trentaine de centres de prise en charge disséminés sur l’ensemble du territoire. Ces centres sont consacrés essentiellement à la prise en charge du diabète et d’autres centres sont créés et pris en charge par l’association obésité et diabète de Côte d’Ivoire. Aussi, face aux prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) qui stipulent que le nombre de diabétiques pourrait doubler d’ici à 2025, il a également fait écho des causes pouvant être liées à cette croissance.

Les causes éventuelles

Pour le Professeur Abodo, il y a une mondialisation pour ne pas dire une épidémie du diabète mais également pour l’ensemble des maladies chroniques. Cette mondialisation est liée à ce qu’on appelle la transition épidémiologique. L’Afrique est en train de connaître une transition épidémiologique très rapide en l’espace d’une génération, transition que les autres pays ont connu pendant plus de 100 ans et cela est dû essentiellement à une uniformisation presque des modes de vie des populations. Les populations d’Afrique qui étaient à majorité rurale sont en train d’avoir un mode de vie des pays occidentaux. C’est ce qu’on a appelé la «cocacolalisation ». Aujourd’hui, poursuit-il, ces populations ont une alimentation riche en calorie donc riche en matière grasse et également en glucide. Il y a également, de plus en plus, une sédentarisation de ces populations. Actuellement, la plupart des fonctionnaires, pour ne pas dire les adultes, ont un véhicule, et même quand ils n’en ont pas, ils se déplacent en voiture d’usage communautaire. C’est dire que la sédentarisation est de mise. Ce constat est pareil chez certains enfants à la maison. Ils ont tous des jeux vidéo ou sont tout le temps assis devant la télévision. Ils sont donc moins actifs.  Cette sédentarisation fait que le surpoids et l’obésité vont prendre le pas. A côté de cet aspect, l’alimentation déséquilibrée, le grignotage ainsi que l’apparition du stress pouvant induire une consommation d’alcool et de tabac pourraient favoriser l’éclosion du diabète et des autres maladies métaboliques.  Heureusement, les possibilités de sensibilisation, de campagnes de dépistage deviennent de plus en plus fréquentes dans le pays avec les différents programmes et projets en cours.

Attention à la consommation excessive de sucre (Photo: Dr)

La consommation de sucre

Sur ce point, selon le Professeur Abodo, la réalité est que nous avons tous besoin de sucre pour vivre puisque le sucre est le principal carburant de l’organisme mais très souvent, les sucres consommés sont en excès. Pour mieux appréhender cet excès, il a donc été donné, à ce niveau, la notion d’indexe de glycémie d’un aliment. Cette notion se définit par le pouvoir sucrant de cet aliment. Vous pouvez avoir, par exemple, les féculents… Quand vous prenez le toho, le riz, l’attiéké, chaque type de féculent à une quantité de glucose, de glucide qui vont avoir tendance à élever plus ou moins le taux de glycémie. Ces mêmes féculents, quand vous les prenez dans d’autres mets avec la sauce, cela peut également modifier le pouvoir sucrant. Il a pris aussi le cas des boissons sucrées. Selon lui, quand vous prenez une boisson sucrée à jeun ou après le repas, le pouvoir d’augmenter la glycémie de cette boisson va être modulé. Lorsque vous prenez à jeun, la glycémie va monter rapidement alors que lorsque vous le prenez après un repas, la glycémie va avoir tendance à monter progressivement. Donc la notion d’index glycémique est importante dans la consommation des sucres et glucides. En ce qui concerne la consommation des graisses, cette notion peut en outre intervenir mais il faut savoir que les graisses constituent le deuxième élément, la deuxième source d’énergie de l’organisme. Malheureusement, ce sont ces graisses qu’on consomme le plus souvent et quand vous consommez une alimentation qui est riche en gras, cette graisse va se stocker mais cela sera très rapidement utilisé lorsque vous n’aurez plus de sucre à disposition. Voilà un peu le glucose mais surtout le gras qui vont être à l’origine de la prise de poids, de l’obésité donc in fine de l’apparition de maladies métaboliques parmi lesquelles le diabète mais également l’hypertension artérielle et les autres maladies cardiovasculaires.

Jean-Paul DEMOUSS avec Marina ADJE

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