Hypertension artérielle : Docteur Nanko Tonda Josué, Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan : «  Dans la majorité des cas, l’hypertension artérielle peut rester silencieuse, c’est à juste titre qu’on la qualifie de « silent killer » (tueur silencieux) »

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Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous délivre, dans cette interview, de plus amples éclaircissements sur l’hypertension artérielle. Le but étant d’amener les un(e)s et les autres à mieux cerner les principales subtilités liées à la gestion de ce statut ou de cette maladie.

Docteur, d’emblée, quelle définition pouvez-vous donner à l’hypertension artérielle ?

L’hypertension artérielle se définit tout simplement comme étant une élévation constante de la pression artérielle (qui est la force que le sang exerce sur la paroi des artères) au-delà de ses valeurs normales, dont une pression artérielle supérieure ou égale à 140 millimètres de mercure pour la systole et 90 millimètres de mercure pour la diastole.

Quels sont les signes pouvant être liés à cette maladie ?

Dans la majorité des cas, l’hypertension artérielle peut rester silencieuse c’est à juste titre qu’on la qualifie de « silent killer » (tueur silencieux). On estime que plusieurs personnes souffriraient d’hypertension artérielle non diagnostiquée.  Cependant, certains signes peuvent être observés tels que des céphalées, flou visuel, des vertiges, des bourdonnements d’oreille, des difficultés respiratoires, etc. Dans certains cas, l’hypertension artérielle peut être découverte à la suite de complications comme un Accident vasculaire cérébral (Avc) ou une insuffisance rénale.

Quelles sont les causes pouvant justifier l’apparition de ces signes ?

Il existe deux (2) types d’hypertension artérielle. L’hypertension artérielle dite primaire ou essentielle qui représente 85% à 95% des hypertensions sans cause apparente identifiable et l’hypertension artérielle secondaire qui survient à la suite d’une pathologie préexistante comme une maladie rénale chronique, une maladie des glandes surrénales. Les facteurs de risque associés à l’hypertension artérielle en général sont l’âge (les adultes sont plus atteints que les adolescents et enfants), les antécédents familiaux (antécédents d’hypertension dans la famille), l’alimentation (riche en sel et en graisses saturées), la consommation excessive d’alcool, de tabac, la sédentarité, l’obésité, la race (les mélanodermes sont plus atteints que les leucodermes).

Quelle démarche vous permet donc d’affirmer, officiellement, qu’une personne est atteinte d’une hypertension artérielle ?

L’hypertension artérielle étant fréquemment asymptomatique, beaucoup de patients sont diagnostiqués à l’occasion de contrôles systématiques de la tension artérielle. On peut diagnostiquer une hypertension artérielle en effectuant des contrôles de tension artérielle en milieu hospitalier, en effectuant une mesure ambulatoire, une automesure à domicile pour chaque patient. En milieu hospitalier, la tension artérielle est mesurée dans certaines conditions : le patient est assis ou couché dans une pièce calme, au repos depuis au moins cinq (5) minutes, à distance (au moins 30 minutes avant la mesure) d’une prise de café, tabac, alcool. Le brassard du tensiomètre est ensuite posé sur chaque bras successivement en respectant certaines conditions. La tension artérielle mesurée est caractérisée par deux (2) chiffres, la systole et la diastole. On dit qu’il y a une hypertension artérielle lorsque les chiffres sont supérieurs ou égaux à 140 millimètres de mercure pour la systole et supérieurs ou égaux à 90 millimètres de mercure pour la diastole. Cependant, pour affirmer l’hypertension artérielle, il convient de mesurer la tension artérielle en milieu hospitalier à plusieurs reprises et à des jours différents. On peut aussi avoir recours à l’utilisation d’un équipement spécial pour effectuer une MAPA (Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle), qui consiste à équiper le patient d’un appareil qui va mesurer sa tension artérielle tout le long de la journée. Enfin, le patient peut lui aussi faire des mesures de la tension artérielle à domicile dans des conditions spécifiques.

Une fois que la personne est déclarée officiellement hypertendue, comment s’effectue la prise en charge, le traitement et le suivi de cette personne ?

Une fois l’hypertension artérielle diagnostiquée, une série d’examens complémentaires est effectuée en vue de rechercher des facteurs associés et/ou des lésions d’organes : bilan rénal, cardiovasculaire, ophtalmologique, hépatique etc. La prise en charge est axée sur les mesures hygiéno-diététiques et la prise de médicaments. Les mesures hygiéno-diététiques consistent à observer un régime alimentaire pauvre en sel, en graisses saturées, arrêter le tabac et diminuer la consommation d’alcool. Il convient également de consommer beaucoup de fruits et légumes. Il est recommandé de lutter contre la sédentarité et de faire de l’activité physique au moins trois (3) fois par semaine. Des médicaments antihypertenseurs sont prescrits. Ces médicaments sont adaptés en fonction des comorbidités et du profil de chaque patient.

Quelle(s) attitude(s) la famille ou les proches doivent-elles adopter en ce qui concerne le statut de cette personne ?

La famille et/ou l’entourage de la personne hypertendue doit jouer un rôle psychologique et financier sans oublier de l’accompagner dans l’observance thérapeutique en veillant au respect de son régime alimentaire, en l’accompagnant dans la pratique d’une activité physique par exemple.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Maxime N’GBESSO

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