Diabète de type 2 : Docteur Nanko Tonda Josué, Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan : « le diabète de type 2 est beaucoup plus fréquent chez les adultes »

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Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué, nous donne, dans cette interview, des informations plus précises sur le diabète de type 2 tout en incitant, tout un chacun, à faire plus attention à son hygiène de vie.

Docteur, notre interview portera sur le diabète de type 2. Déjà, avant toute chose, quelle(s) différence(s) peut-on établir, de manière plus précise, entre le diabète de type 1 et celui de type 2 ?

De manière très simple, on peut établir la différence entre le diabète de type 1 et 2 en deux (2) points particuliers, la physiopathologie et l’âge de survenue mais tout d’abord, permettez-moi de rappeler que le diabète est une pathologie qui est caractérisée par une élévation chronique de la quantité de glucose dans le sang. Chez le diabétique de type 1, on observe donc, à ce niveau, une carence totale en insuline due à une destruction des cellules qui la produisent (l’insuline est cette hormone qui permet de faire baisser la glycémie). Chez le diabétique de type 2, on note un déficit de la production de d’insuline pour couvrir les besoins de l’organisme ainsi qu’une résistance des cellules de l’organisme à l’action de l’insuline. Ces différences dans la physiopathologie vont justifier aussi les différences de prise en charge qu’on peut observer pour les deux (2) types de diabète. Aussi, le diabète de type 1 se manifeste, généralement, chez les enfants et adolescents (parfois jeunes adultes), tandis que le diabète de type 2 est beaucoup plus fréquent chez les adultes.

A votre niveau, quelle démarche spécifique vous permet de déclarer officiellement qu’une personne est diabétique de type 2 ?

Le diabète de type 2 se manifeste, habituellement, chez des personnes d’une certaine tranche d’âge (dans la quarantaine). En consultation, le patient souffrant de diabète de type 2 se présente, généralement, avec les signes cardinaux du diabète à savoir la Polyphagie, la Polyurie, la Polydipsie et l’Amaigrissement (PPPA). Plus simplement, quand il nous fait savoir qu’en plus de perdre du poids, il observe une envie manifeste de beaucoup manger ou un appétit conservé, une envie fréquente de boire et d’uriner, on effectue un contrôle de sa glycémie à jeun (8h après un repas). Si cette glycémie est, à deux reprises, supérieure ou égale à 1,26g/l, ce patient est déclaré diabétique. Par ailleurs, si le patient présente toujours ces mêmes signes, avec une glycémie prise de manière aléatoire (en dehors du jeun) supérieure ou égale à 2g/L, il est aussi déclaré diabétique.

Une fois cette personne officiellement déclarée diabétique de type 2, comment s’effectue la prise en charge, le traitement et le suivi du patient ?

La prise en charge du patient souffrant de diabète de type 2 comprend trois (3) principales mesures : l’hygiène alimentaire, l’activité physique régulière et la prise en charge médicamenteuse. Toutes ces mesures sont adaptées en fonction du profil du patient selon les recommandations du médecin.  En ce qui concerne l’hygiène alimentaire, il est recommandé de privilégier un régime alimentaire hypocalorique (faible teneur en sucres, matières grasses…), éviter l’alcool et éviter de grignoter entre les repas. Concernant l’activité physique, Il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière (pendant 45 minutes au moins trois (3) fois par semaine). Pour ce qui est de la prise en charge médicamenteuse, dans le cas du diabète de type 2, on utilise des antidiabétiques oraux. Ce sont des médicaments prescrits au patient sous forme de comprimés. Dans certaines circonstances, on peut également avoir recours à l’utilisation de l’insuline mais cela relève de l’expertise du médecin. A propos du suivi, le patient doit faire attention car une négligence de sa part peut causer de réelles complications à court, moyen voire long terme. Il doit donc, de manière fréquente, contrôler sa tension artérielle, son taux de cholestérol, sa fonction rénale sans oublier son hémoglobine glyquée. L’hémoglobine glyquée est un examen qui permet d’avoir une idée précise de la moyenne de la glycémie sur les trois (3) derniers mois. Ce paramètre doit être inférieur à 7 ou 6,5% en fonction des patients. Sa valeur témoigne de  degré  d’équilibre du diabète.

A quelle étape intervient le nutritionniste et/ou le diététicien en ce qui concerne la prise en charge, le traitement et le suivi de ce patient ?

Le nutritionniste et/ou le diététicien est la personne vers qui le diabétique doit se référer en ce qui concerne son régime alimentaire. Experts en la matière, ces spécialistes peuvent, en fonction de la délicatesse liée au statut du patient et de son profil nutritionnel, lui recommander les aliments qu’il lui faut en vue de lui assurer un régime des plus adéquats. Le diabétique ne doit donc pas du tout hésiter à consulter un nutritionniste et/ou un diététicien pour un meilleur suivi car il arrive bien souvent que le patient déclaré diabétique puisse commencer à ne plus s’alimenter convenablement à cause de la peur de déséquilibrer sa glycémie.

Quel rôle doit jouer la famille et/ou l’entourage du patient atteint du diabète de type 2 ?

Étant une maladie chronique, la prise en charge d’un(e) diabétique de type 2 doit donc se faire  sur le long terme. Aussi, il faut dire que cette situation peut générer chez le patient des problèmes d’ordre psychologique, social, financier, etc. Au niveau familial, un accompagnement doit alors être fait de sorte que le patient se sente entouré à chaque étape du suivi de sa maladie au niveau de ses examens, de ses médicaments, de son alimentation ou même encore de l’activité physique. A titre d’exemple, un diabétique de type 2 doit absolument être soutenu par ses proches lorsqu’il s’agit, pour lui, de s’adonner à une activité physique régulière. Ses proches doivent pouvoir l’inciter à le faire surtout lorsqu’il n’en manifeste pas toujours le besoin, ou encore lorsqu’il se sent découragé. Ils peuvent ainsi l’accompagner collectivement à ses séances de sport. Ce soutien est d’une importance capitale pour le patient car il permet un meilleur suivi de la maladie. Il faudrait en outre accompagner le diabétique psychologiquement et moralement par des paroles encourageantes, motivantes ; socialement en l’intégrant aux activités de la vie quotidienne de la société, et même financièrement dans sa prise en charge, son traitement et son suivi.

Quel(s) conseil(s) pouvons-nous donner à une personne souffrant du diabète de type 2 ?

Même si le diabète de type 2 est une maladie chronique, il est important de signifier qu’il est possible de vivre normalement avec la pathologie. Si cette pathologie est vraiment bien suivie, il est possible à une personne souffrant du diabète d’adopter des habitudes alimentaires presqu’identiques à celles d’une personne ordinaire. Il doit juste continuer à être fidèle à son suivi, honorer ses rendez-vous avec son médecin, faire régulièrement de l’activité physique, prendre ses médicaments et s’il est confronté à des complications, qu’il n’hésite surtout pas à se référer à son médecin traitant.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Olivia DECAMILLE

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