Cancer du sein : Docteur Nanko Tonda Josué, Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan : « il est recommandé de faire un dépistage génétique en vue de vérifier si on est porteur des gènes impliqués dans l’apparition de ce cancer »

Crédit photo : Hashtag Studio

Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous donne, dans cette interview, de plus amples informations sur le cancer du sein. Et ce, dans l’optique d’amener les personnes et surtout les femmes à se faire dépister le plus tôt possible tout en optant, dans le même élan, pour de réelles mesures de précaution en vue de prévenir ou encore de circonscrire cette maladie.

Docteur, quelle définition pouvez-vous donner au cancer du sein ?

De manière simple, le cancer du sein est une pathologie caractérisée par une croissance incontrôlée de cellules anormales du sein formant des tumeurs. Ces tumeurs ont, par ailleurs, la capacité de se propager dans d’autres organes de l’organisme sous forme de métastases.

Quelles sont donc les symptômes liés à cette maladie ?

Les symptômes associés au cancer du sein sont, généralement, la présence d’une masse dans le sein. La personne concernée peut ressentir une boule dans le sein qui peut avoir des caractéristiques particulières (dure, indolore ou parfois douloureuse…). On peut également observer une rétraction du mamelon, l’écoulement d’un liquide par le mamelon, l’apparition des masses au niveau des aisselles. Il arrive parfois que le cancer du sein soit découvert dans des circonstances particulières. Par exemple, une douleur et/ou une fracture osseuse sans notion de traumatisme. En effet, des cellules cancéreuses du sein peuvent se propager aux os et provoquer de tels symptômes.

Quelles sont les causes pouvant justifier l’apparition de ces symptômes chez la patiente ?

Il existe plusieurs facteurs de risque liés au cancer du sein. Nous pouvons citer entre autres l’âge (c’est un cancer qui est fréquemment rencontré chez des personnes de plus de 50 ans), la sédentarité, l’obésité, les facteurs génétiques (la mutation de certains gènes peut favoriser la survenue du cancer du sein, gènes BRCA1 et BRCA2). Des causes hormonales sont également citées ; les taux d’œstrogène et de progestérone auxquels une femme a été exposée peuvent influencer la survenue du cancer du sein. Les femmes ayant eu leurs règles avant 12 ans, celles ménopausées après 55 ans ont un risque accru de développer un cancer du sein. Les femmes ayant recours à un traitement hormonal de substitution (traitement hormonal pour lutter contre les effets de la ménopause par exemple) présentent elles aussi un risque accru de développer un cancer du sein.

Docteur, les hommes peuvent aussi être confrontés à cette maladie ?

Oui, des hommes peuvent être atteints de cancer du sein ! Bien que la prévalence soit basse, le cancer du sein est souvent rencontré chez les hommes. Les hommes les plus concernés sont, le plus souvent, âgés de plus de 60 ans.

A votre niveau, quelle démarche vous permet de déclarer officiellement qu’une personne est atteinte d’un cancer du sein ?

La démarche est clinique et paraclinique. Cliniquement, on peut recevoir un(e) patient(e) à l’occasion d’un dépistage volontaire, ou alors à la suite de l’apparition de certains symptômes. On mène un interrogatoire méticuleux à la recherche d’éléments tels que l’existence des facteurs de risque et/ou la description précise des symptômes. Un examen physique est fait au cours duquel on examine les seins et aisselles et tout le reste du corps à la recherche d’éléments suspects. Sur le plan paraclinique, on peut réaliser une mammographie ou une échographie (pour des personnes plus jeunes). Si on y remarque des lésions suspectes, une biopsie peut être faite ; on prélève de petits fragments de la masse qui seront analysés. A l’issue de cette analyse, on pourra affirmer ou non la nature cancéreuse des cellules prélevées. En cas de présence de lésions cancéreuses, un bilan d’extension peut être réalisé pour examiner l’étendue et les répercussions du cancer dans tout l’organisme.

Qu’en est-il de la prise en charge, du traitement et du suivi de cette personne ?

La prise en charge d’une personne atteinte d’un cancer du sein est chirurgicale et médicale. Dans certains cas, on peut donc retirer uniquement la tumeur. Dans d’autres circonstances, on peut aussi réaliser une mammectomie c’est-à-dire une ablation complète du sein. La chirurgie peut être complétée par une chimiothérapie, une radiothérapie ou une hormonothérapie suivant les cas. Des contrôles fréquents devront être faits suivant les recommandations de l’équipe médicale à des fréquences précises.

Quel rôle la famille ou l’entourage de la patiente doit-jouer à ce niveau ?

Être déclaré(e) d’un cancer du sein est généralement très éprouvant pour la personne concernée. Elle a donc besoin d’un soutien aussi bien psychologique que financier. L’entourage ou encore la famille doit donc pouvoir l’assister à toutes les étapes relatives à sa prise en charge, du diagnostic en passant par le traitement jusqu’au suivi à court, moyen et long terme. On doit lui apporter tout le réconfort nécessaire pour que cette personne ne se sente pas délaissée et condamnée par cette maladie.

Quel(s) conseil(s) pouvons-nous donner à une personne déjà atteinte d’un cancer du sein ?

Tout d’abord, il est important que souligner que lorsque ce cancer est diagnostiqué assez précocement, une prise en charge rapide permet d’avoir un bon pronostic. Il est impérieux pour toute personne atteinte d’un cancer du sein de suivre scrupuleusement les conseils de l’équipe médicale chargée de son suivi. Être assidu(e) aux rendez-vous, honorer la réalisation des examens ainsi que la prise de médicaments.

Le dépistage génétique est recommandé car lorsque le cancer du sein est diagnostiqué plus tôt, il est possible d’en survivre (Photo : Dr)

Quelles précautions faut-il prendre afin d’éviter cette maladie ?

Il est recommandé de lutter contre les facteurs de risque que nous avons énoncés précédemment. Il s’agit de lutter contre l’obésité et la sédentarité par l’adoption d’un régime alimentaire sain et la pratique d’activité physique régulière ; aux femmes qui désirent procréer, il est recommandé de procréer tôt.  Pour des personnes ayant des antécédents de cancers du sein dans leur famille, il est recommandé de faire un dépistage génétique en vue de vérifier si on est porteur des gènes impliqués dans l’apparition de ce cancer.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Olivia DECAMILLE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *