Crises hémorroïdaires : Docteur Nanko Tonda Josué, Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan :« Plusieurs maladies de l’anus sont considérées à tort comme maladie hémorroïdaire car ayant sensiblement les mêmes symptômes »

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Médecin au service de médecine interne et de maladies métaboliques à Allô Docteur-Abidjan, une association de médecins basée à Abidjan, Douala et Yaoundé, Docteur Nanko Tonda Josué nous donne, dans cette interview, de plus amples éclaircissements sur les crises hémorroïdaires. Le but étant d’amener les un(e)s et les autres à faire plus attention aux symptômes en cas d’apparition de ces crises très souvent éprouvantes pour ces personnes ou encore pour leur entourage.

Docteur, quelle définition pouvez-vous nous donner aux hémorroïdes ?

Les hémorroïdes sont des structures anatomiques vasculaires plus précisément, des vaisseaux sanguins situés au niveau de la région anale. Ces vaisseaux sanguins sont situés à l’intérieur du canal anal (les hémorroïdes internes) ainsi qu’à l’extérieur de l’anus (hémorroïdes externes).

A partir de cette définition, qu’est-ce qu’une maladie hémorroïdaire et comment se manifeste-elle ?

La maladie hémorroïdaire désigne des anomalies en rapport avec une dilatation/irritation de ces vaisseaux sanguins. Les manifestations de la maladie hémorroïdaire peuvent varier d’une personne à l’autre. On peut remarquer l’apparition du sang dans les selles ou sur le papier toilette, de la douleur et/ou des démangeaisons au niveau de l’anus, l’apparition de masses au niveau de l’anus. Les symptômes peuvent parfois disparaître spontanément ou progressivement au bout de quelques jours après leur apparition.

Quelles sont donc les complications qui pourraient en résulter si rien n’est fait en ce qui concerne ces différents cas d’espèce ?

Les complications fréquemment rencontrées en cas de maladie hémorroïdaire sont la thrombose et l’anémie. La thrombose est la formation d’un caillot à l’intérieur des vaisseaux hémorroïdaires. Elle se manifeste par l’apparition d’une masse indurée au niveau de l’anus associée à des douleurs vives. L’anémie, quant à elle, est la conséquence de saignements répétés observés au cours de la maladie hémorroïdaire.  

Quels sont les facteurs de risque pouvant provoquer l’apparition des symptômes relatifs à une maladie de type hémorroïdaire ?

Les facteurs de risque généralement associés à la maladie hémorroïdaire sont les troubles du transit intestinal tels que la constipation, la diarrhée. Il y a également la consommation de certaines épices, le stress, la sédentarité, la grossesse, la position assise, l’obésité, l’utilisation de certains médicaments (des laxatifs).

A votre niveau, quelle démarche vous permet d’affirmer officiellement qu’une personne souffre de crises hémorroïdaires chroniques ?

Le caractère chronique vient du fait de la récurrence des symptômes sur une période prolongée (généralement sur plusieurs mois). En consultation, il s’agit d’un(e) patient(e) qui vient se plaindre d’une douleur, d’un saignement ou de la présence de certaines masses au niveau de la région anale. On recherchera au cours d’un interrogatoire, le mode d’évolution des symptômes, les facteurs de risque, les antécédents médicaux, etc. Un examen clinique méticuleux est, par la suite, conduit au cours duquel on examine la région anale, au moyen de certains instruments médicaux. Des examens paracliniques peuvent également être prescrits, par exemple pour rechercher une anémie compliquant une maladie hémorroïdaire hémorragique.

Une fois la maladie hémorroïdaire diagnostiquée, qu’en est-il de la prise en charge, du traitement et du suivi ?

La prise en charge de la maladie hémorroïdaire fait intervenir plusieurs éléments. Il s’agit de prendre en charge la douleur et le saignement à base de moyens médicamenteux et non médicamenteux, lutter contre les facteurs de risque qui peuvent favoriser l’apparition de la maladie et aussi traiter les complications si elles sont présentes, par exemple, prendre en charge une anémie au cas où elle serait associée. La maladie hémorroïdaire évolue habituellement de façon favorable au bout de quelques jours.

Certaines personnes affirment qu’il est également possible de pouvoir effectuer une opération au niveau des hémorroïdes en cas de crises chroniques, en tant que médecin, quelle est votre position sur ce volet ?

Le traitement chirurgical de la maladie hémorroïdaire peut être indiqué en présence de certaines complications persistantes et récurrentes ne cédant pas au traitement médical et/ou altérant la qualité de vie de la personne atteinte. Il existe différentes techniques opératoires en fonction du degré de complication.

Quelle(s) attitude(s) faut-il adopter lorsqu’on est confronté à des crises hémorroïdaires prolongées même quand on est déjà suivi ?

Lorsqu’on est confronté à des crises hémorroïdaires, il faut se rendre chez un médecin. Plusieurs maladies de l’anus sont considérées à tort comme étant maladie hémorroïdaire car ayant sensiblement les mêmes symptômes. Certaines maladies peuvent être graves, il convient donc, pour toute personne (même ayant déjà été déclarée atteinte de maladie hémorroïdaire) présentant des signes à la région anale, de rencontrer un médecin en vue d’une investigation médicale approfondie.

Que faut-il faire afin d’éviter ces crises lorsqu’on n’y est pas encore confronté ?

Pour éviter les crises hémorroïdaires, il faut lutter contre tous les facteurs de risque. Lutter contre les troubles du transit (diarrhée/constipation), lutter contre la sédentarité, consommer beaucoup de fibres alimentaires (les fruits, les légumes), lutter contre l’obésité, faire attention aux purges faites avec des poires insérées dans l’anus. Surtout, en cas d’apparition de symptômes tels qu’une douleur à l’anus, un saignement ou une boule à la région anale, ne pas hésiter à consulter un médecin.

Interview réalisée par Cédric KOIVOGUI avec Moussa KOIVOGUI

 

 

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